Bernadette Soubirous

Bernadette Soubirous, une pauvre parmi les pauvres, mais une pauvre que la Vierge Marie a choisie pour lui révéler sa présence et pour lui demander de renouveler la foi du peuple chrétien, qui se rend à Lourdes. "Je suis la Vierge des Pauvres", ce message de Marie à la petite Mariette Béco à Banneux (Belgique) en 1933 s'applique aussi à Lourdes. Comme confidente, l'apparition a choisi la dernière des dernières, une fillette du sous-prolétariat, illettrée, que les grandes dames agenouillées sur leurs prie-Dieu à l'église paroissiale n'auraient pas admise à leurs côtés. Meunier ruiné, devenu manoeuvre, François Soubirous louait ses bras pour 1,50 Franc par jour (moins cher qu'un cheval : 2 Francs). Il logeait, avec sa femme Louise et ses quatre enfants, dans le "Cachot", l'ancienne prison de la ville désaffectée à cause de son insalubrité...

Le 11 février 1858, Bernadette quitte la demeure familiale du Cachot pour chercher du bois mort, avec sa soeur et une amie. Arrivées à l'endroit où le Gave longe une cavité rocheuse appelée Massabielle, les fillettes découvrent des brindilles au creux du rocher. A cause de sa santé délicate, Bernadette hésite à traverser le Gave que les autres ont déjà franchi. Elle se décide, mais avant d'avoir fini d'enlever ses bas, un bruit, comme un souffle de vent, se fait entendre dans la grotte. Tournant la tête, elle voit, dans un repli du rocher, une Dame très jeune, très belle, qui lui fait signe et sourit. D'abord saisie, Bernadette se reprend, tombe à genoux, et, en présence de l'apparition, récite son chapelet... Pressée par sa soeur, elle avoue sa surprenante aventure en demandant le secret. Mais celui-ci n'est pas gardé : la famille est avertie le soir même... Une quinzaine d'apparitions auront lieu entre le 11 février et le 25 mars, jour où la Dame lui révèle son identité : Je suis l'Immaculée Conception. Entre temps, les événements ont pris une singulière tournure : les parents de Bernadette, par peur des histoires, veulent la retenir à la maison. Le procureur la menace pour trouble de l'ordre public. Le curé Peyramale ne s'apaise qu'après la révélation du nom de l'apparition. Mais déjà la foule afflue à Lourdes pour recevoir le message de la Mère de Dieu. Ce message que Bernadette a pour mission de transmettre au monde se résume en deux requêtes : prière et pénitence. Quelques phrases seulement constituent l'ensemble du message :

- Voulez-vous me faire la grâce de venir ici pendant quinze jours ?

- Priez Dieu pour les pécheurs.

- Allez boire à la fontaine et vous y laver.

- Allez dire aux prêtres qu'on me bâtisse une chapelle et qu'on vienne ici en procession.

- Je ne vous promets pas de vous rendre heureuse en ce monde, mais dans l'autre.

- Je suis l'Immaculée Conception.

La dernière apparition a lieu le 16 juillet, en la fête de Notre Dame du Mont Carmel. A Massabielle, on parle de miracle. Chez les Soubirous, la vie devient impossible, les visites sont nombreuses. Assaillie, Bernadette aurait pu faire fortune. Elle repoussera la moindre pièce en disant : Cela me brûle. Beaucoup de personnes essaient de faire la charité en glissant une pièce à l'un ou l'autre membre de la famille qui, bien que miséreuse, n'accepte aucun don. Pour avoir accepté une piécette, le petit frère reçoit un gifle de sa soeur avec ordre de remettre l'argent. Pour soustraire Bernadette à la curiosité des foules, on la place à l'hospice de Lourdes, chez les soeurs de Nevers. Là, pour la première fois, et à l'âge de seize ans, elle fréquente régulièrement l'école, dans une vraie classe où elle apprend à lire et à écrire. Les apparitions ont marqué un tournant dans sa vie. A l'ignorante qui n'avait jamais entendu parler des mystères de la foi chrétienne, Marie a révélé le mystère même de l'amour de Dieu. Bernadette cherche comment répondre à cet amour, en se consacrant à Dieu dans une vie de religieuse. Mais quel ordre pourrait bien vouloir d'elle, sans dot et sans instruction. Elle entrera finalement chez les soeurs de Nevers, au couvent saint Gildard, en 1864. Monseigneur Forcade lui en avait fait la proposition et Bernadette avait fini par accepter. Quitter Lourdes a été très dur. Mais Bernadette sait que l'on n'a rien donné tant que l'on n'a pas tout donné.

A son arrivée au couvent, la supérieure l'autorise à faire le récit des apparitions : Mes soeurs, avant de prendre notre costume, Bernadette va faire le récit des apparitions de Lourdes, une grâce gratuite qu'elle n'a pas méritée. Ce sera une fois pour toutes, et il lui sera désormais interdit de reparler de tout cela. Après ce récit, la supérieure conclut : Maintenant, mes soeurs, vous savez tout. Je vous rappelle qu'il est strictement interdit désormais de lui parler de Lourdes et de son passé. C'est une soeur comme les autres... Et Bernadette mènera la vie de religieuse comme ses compagnes, dans la discrétion, ne parlant guère des apparitions, accomplissant les devoirs de son état de soeur de la charité avec courage, malgré une maladie permanente qui la conduira vers la mort, qu'elle affrontera dans le doute et la nuit de la foi, comme le rapporte un évêque venu l'interroger : Cette entrevue a été surprenante. Bernadette ne sait plus rien. Pourtant, elle sait. Sa sincérité dépasse l'imagination. De moins experts en théologie seraient scandalisés. Un évêque n'a pas le temps d'être mystique, il a trop d'affaires sur les bras. Mais ce contact m'a fait comprendre la transfiguration et la nuit dont parle saint Jean de la Croix. Je l'ai compris au-delà des mots. Bernadette y est plongée en profondeur. Elle est paisible, souriante, lucide, transfigurée par cette rencontre. Mais elle doit beaucoup souffrir. J'en suis bouleversé. Le 16 avril 1879, Bernadette meurt, en récitant l'Ave Maria : Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour moi, pauvre pécheresse, pauvre pécheresse. Au cours de ses funérailles, l'évêque de Nevers prononce l'homélie : Bernadette pouvait dire, du fond de sa profonde solitude, ce que disait Marie sa Mère : Le Puissant a fait en moi de grandes choses. Dieu a fait son oeuvre par Bernadette et aussi en elle. Elle a eu sa large part à l'héritage des privilégiés de Jésus ! Elle a bu abondamment à son calice. Son existence a été un long martyre. Avec son Maître, elle a été attachée à la Croix. La Sainte Vierge lui avait promis d'être heureuse, non pas en ce monde, mais dans l'autre. Elle aimait à répéter cette parole. Elle n'a pas été heureuse ici-bas. La Vierge dut s'empresser de l'accueillir dans le Royaume de son Fils.

Bernadette à Lourdes

Quelques paroles extraites des dialogues de la première partie du film "Il suffit d'aimer" peuvent nous aider à réfléchir...

- Quand on est pauvre, il ne faut pas attirer l'attention des gens.

- Qui sont les Soubirous ? La famille la plus misérable de Lourdes, mais des gens qui s'aiment comme seuls les pauvres y parviennent.

- Les pauvres ont toujours tort.

- Pas grand chose, cette gamine ! C'est la famille la plus pauvre de Lourdes. Son père était meunier, il s'est ruiné par incapacité, par boisson peut-être... Je l'ai arrêté l'an dernier, dans leur taudis, le Cachot. Avait-il volé de la farine en cet hiver de famine ? Son gamin allait gratter la cire qui coulait des cierges sous les catafalques quand il avait faim. Bref, François Soubirous n'était pas fier quand on l'a relâché au bout de huit jours. Il est reparti chez lui sans mot dire. La fille est souffreteuse, sans doute phtisique. C'est une affaire de rien. Croyez-moi, demain on n'en parlera plus. (Commissaire de police Jacomet)

1. Qu'est-ce qu'être pauvre ?

2. Peut-on être heureux quand on est pauvre ?

3. Pourquoi les pauvres devraient-ils toujours avoir tort ?

4. Comment se fait-il que les pauvres aiment davantage que les autres ?

5. Serait-il possible d'éliminer totalement la pauvreté ?

- Qu'est-ce que Dieu ? Dieu est un pur esprit, éternel, infiniment parfait, maître de l'univers et créateur de toutes choses.

- Si ce qu'elle voit porte un chapelet, cela ne peut pas être mauvais.

- Jette-lui de l'eau bénite. Si c'est le diable, elle partira.

- Les paroles sont vaines. Il faut voir cette enfant en extase. J'ai vu Mademoiselle Rachel au théâtre de Bordeaux. Elle est magnifique, mais infiniment en dessous de Bernadette. Cette enfant a devant elle un être surnaturel. Venez si vous voulez, moi j'y retourne. (Jean-Baptiste Estrade)

- Ce matin, Monsieur le Procureur, c'était la grande déception. Après le chapelet, Bernadette s'est mise à chercher à droite, à gauche, à baiser la terre, à gratter dans la boue. Elle a essayé de boire cette boue. Elle en est revenue toute barbouillée. C'est la consternation chez les fervents. (Garde-champêtre Callet)

6. Le catéchisme a changé depuis l'époque de Bernadette. Réciter des formules, est-ce un bon moyen pour apprendre à connaître et à aimer Dieu ? Ne plus rien apprendre, refuser les définitions du catéchisme, est-ce mieux ?

7. Le chapelet, qu'est-ce que c'est ?

8. Le diable, le démon, Satan, l'Esprit du Mal, le Mauvais... Différents noms pour désigner ce qui s'oppose dans le monde à la volonté de Dieu. Comment aujourd'hui peut-il se manifester ?

9. Pourquoi Jean-Baptiste Estrade pense-t-il que Bernadette se trouve devant un être surnaturel ?

10. Etait-il facile de comprendre les gestes de pénitence que Bernadette s'imposait pour obéir à la Dame, et que le garde-champêtre critique vivement ?

- Voulez-vous me faire la grâce de venir ici pendant quinze jours ? Après avoir demandé la permission à mes parents, je viendrai.

- Priez Dieu pour les pécheurs.

- Allez dire aux prêtres qu'on me bâtisse une chapelle et qu'on vienne ici en procession.

- Je ne suis pas chargée de le faire croire, mais de le dire.

- Je suis l'Immaculée Conception.

11. Le respect de l'autorité des parents est-il une bonne chose ?

12. Pour des enfants, y a-t-il quelque chose de supérieur ?

13. Qui sont les pécheurs ? Prions-nous pour eux ?

14. La douce mais ferme attitude de Bernadette en face du curé Peyramale est-elle une vertu imitable ?

15. Qu'est-ce que l'Immaculée Conception ? Un texte de Maximilien Kolbe permettra d'approfondir cette question :

A la demande : Qui est l'Immaculée ?, il n'est pas possible de donner une réponse complète, car cela dépasse l'intelligence humaine. L'Ecriture parle peu d'elle. Elle se limite à signaler quelques faits, comme l'Annonciation, la Nativité... Elle est Mère de Dieu et se déclare Immaculée. Dieu, en se manifestant à Moïse, dit de lui-même : Je suis celui qui suis, c'est-à-dire l'existence même. La Vierge Marie, à la demande de Bernadette répond : Je suis l'Immaculée Conception. Voilà la définition de l'Immaculée. Le mot Conception indique qu'elle n'est pas éternelle, car elle a un commencement. Le mot Immaculée indique que dès le commencement de son existence, il ne s'est trouvé en elle le moindre éloignement de la volonté de Dieu. L'Immaculée est la créature la plus élevée parmi les créatures, la plus parfaite, elle est divine.

La grotte est souvent dans la Bible le lieu de la rencontre de Dieu. Il en fut ainsi avec Moïse et Elie. Ce refuge dans le rocher rappelle le sein maternel. C'est dans cette grotte de Massabielle que Bernadette vit la Vierge Marie. C'est ici que, depuis plus d'un siècle, se rassemblent des pèlerins venus du monde entier.

Bernadette à Nevers

Comme pour la première partie, quelques paroles extraites des dialogues du film peuvent aider à la réflexion...

- On accepte comme religieuses des jeunes filles pauvres lorsqu'elles ont une vraie vocation.

- Considérez Bernadette exactement à l'égale de n'importe quelle de vos novices.

- La lumière continuera de briller et elle éclairera le monde entier, à Lourdes, pas ici. Nevers, ce sera ce fond d'obscurité sur lequel se détache la lumière.

1. Etait-il normal de refuser l'entrée du couvent aux jeunes filles, sous prétexte de pauvreté ?

2. Pourquoi la supérieure du couvent veut-elle considérer Bernadette comme les autres ?

3. Pourquoi fallait-il que Bernadette rentre dans l'ombre ?

- Que fait-on d'un balai ? Belle question ! On s'en sert pour balayer. Et après, on le remet à sa place, derrière la porte. Eh bien ! C'est mon histoire ! La Sainte Vierge s'est servie de moi, et on m'a remise à ma place. J'en suis heureuse et j'y reste.

- Si la Sainte Vierge m'a choisie, c'est parce que j'étais la plus ignorante. Si elle en avait trouvé une plus ignorante, c'est elle qu'elle aurait choisie.

- Il faut beaucoup d'humiliation pour faire un peu d'humilité.

- Soeur Marie-Bernard est tout à fait dans la voie ordinaire, mais elle l'assume de manière extraordinaire.

4. Soeur Marie-Bernard n'a rien fait d'extraordinaire... En quoi faire tout l'ordinaire est-il extraordinaire ?

5. Sommes-nous toujours prêts à ne rien faire d'autre que ce qui nous est demandé ?

6. L'ignorance serait-elle une vertu importante ?

7. Qui peut se vanter d'être humble ? Qu'est-ce que l'humiliation ? Qu'est-ce que la véritable humilité ?

- Moi, soeur Marie-Bernard, voulant me consacrer à Dieu dans la congrégation des Soeurs de la Charité et de l'Instruction chrétienne, établie dans le diocèse de Nevers, sous l'autorité de l'évêque, fait voeu de pauvreté, de chasteté, d'obéissance et de charité, en la manière qui est expliquée dans les règles des soeurs. Je prie Notre Seigneur Jésus-Christ, par l'intercession de la très Sainte Vierge, notre bonne Mère, de me donner grâce pour les parfaire et accomplir. Amen.

8. La règle de Nevers se résume ainsi : Dieu seul. Comment Bernadette y a-t-elle répondu ?

9. Quels sont les voeux supérieurs pour toute vie consacrée à Dieu ?

10. La vie religieuse peut-elle être un idéal pour des jeunes de notre temps ?

- Je vous donne l'emploi de la prière.

- Il y a une façon de regarder les pauvres et les malades qui est pire que de leur cracher au visage.

- Je ne suis pas au lit. Je suis dans ma chapelle blanche et j'y fais mon emploi, celui d'être malade.

- J'ai reçu tant de grâces et j'en ai si peu profité.

- La mort des humbles n'est qu'un sommeil, une récompense... C'est si simple : il suffit d'aimer !

11. Bernadette a accompli au maximum son emploi, celui de prier. Et nous-mêmes, sommes-nous toujours prêts à accomplir ce même emploi ?

12. Quelle est la qualité de notre regard sur les autres ?

13. Tous, nous avons reçu des dons de Dieu. Savons-nous en profiter pleinement, non seulement pour nous-mêmes, mais aussi et surtout pour les mettre au service des autres ?

14. Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis, disait Jésus. Aimons-nous réellement les autres comme le Christ nous l'a demandé ?

15. Il suffit d'aimer ! Est-ce si simple ?

 

LOURDES, lieu de rassemblement des croyants

Le nom de Lourdes est maintenant connu dans le monde entier, depuis la reconnaissance officielle par l'Eglise, représentée par l'évêque de Tarbes, des apparitions de la Vierge Marie à Lourdes : "Aujourd'hui, 18 janvier 1862, après deux ans d'enquête, nous jugeons que l'Immaculée Marie, Mère de Dieu, a réellement apparu à Bernadette Soubirous, le 11 février 1858 et les jours suivants. Nous soumettons humblement notre jugement à celui du Souverain Pontife. Nous autorisons dans notre diocèse le culte de Notre Dame de Lourdes, et nous nous proposons de lui bâtir un sanctuaire". (Monseigneur Laurence)

Depuis cette reconnaissance, des millions de pèlerins, chaque année se rendent à Lourdes pendant quelques jours. Pourquoi vient-on à Lourdes ? Les raisons sont diverses : profiter d'une occasion, désir de voir du pays, accompagner les malades dont notre société a tendance à faire des exclus. L'affluence et la priorité de ces malades ont frappé un reporter du Nouvel Observateur, Guy Sitbon, qui note : "Il y a ici la concentration de mal-partis, la plus forte au centimètre carré. Les muets, les tarés, les paralysés, les mongoliens, les aveugles, les infirmes sont chez eux. A Lourdes, être tel n'est pas honteux. Imaginez 1% de tordus dans les rues de Saint-Tropez : la ruine de la station en moins d'une !" C'est bien le signe qu'à Lourdes, le Magnificat prend tout son sens : Le Seigneur renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles, il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides.

A l'image de Marie qui a enseigné Bernadette, le rassemblement des chrétiens à Lourdes est une occasion d'approfondir leur foi, de faire la lumière sur leur vie. C'est aussi l'occasion de découvrir la charité en action par l'attention aux autres, le refus de l'égoïsme, du mépris, de l'indifférence, le désir de faire plaisir dans un esprit évangélique. Lourdes invite alors au changement de mentalité, afin de tourner le coeur vers le Dieu de miséricorde qui pardonne et qui invite les chrétiens à vivre davantage en frères en se nourrissant de l'eucharistie. De nombreux malades effectuent le déplacement pour répondre à l'appel de la Vierge : Qu'on vienne ici en procession. Comme il arrive souvent de parler de miracles à propos de Lourdes, voici comment la notion de miracle était présentée en 1983 par le docteur Mangianpan, alors responsable du Bureau médical de Lourdes.

Le miracle, qu'est-ce que c'est ? Une définition, celle du Petit Robert : un fait extraordinaire où l'on croit reconnaître une intervention divine bienveillante, auquel on confère une signification spirituelle. Une définition, plus en rapport avec la foi, est à considérer, celle du Père Xavier Léon-Dufour : un signe que Dieu me fait à travers un événement qui apparaît autre que le cours normal de la vie quotidienne. Elle comporte une affirmation : l'intervention de Dieu. Elle sous-tend non seulement le fait de connaître le prodige, un fait extraordinaire, mais aussi d'en rapporter l'origine à Dieu qui nous fait signe. Et c'est là où l'introduction de la foi risque de causer un hiatus entre observateurs et croyants. Les premiers disent très fort qu'ils voudraient bien être contraints à croire et réclament le remplacement d'un membre amputé. Ils ne voient que de la crédulité dans l'acceptation de faits qu'ils suspectent et ne peuvent estimer ni sûrs ni extraordinaires, ils cherchent toujours une faille, et souvent la trouvent. Les autres se veulent perméables, clairvoyants, lucides et libres de croire à l'intervention du surnaturel. Sans pour autant y être contraints, s'ils sont d'une formation qui leur permet de prendre quelque distance, quelque recul, avec l'apparence...

A Lourdes, depuis 1947, il existe des instances de contrôle qui donnent une assurance sur l'authenticité des guérisons. Il s'agit du Bureau des constatations médicales, devenu le Bureau Médical, et le Centre Médical International de Lourdes. Pour que l'étude puisse conclure en faveur d'une guérison certain, définitivement et médicalement inexplicable, il faut :

- que la réalité et le diagnostic de la maladie préalable soient parfaitement établis,

- que le pronostic en soit fatal, à brève échéance,

- que la guérison soit soudaine, sans convalescence, complète et durable,

- que le traitement prescrit ne puisse pas être considéré à l'origine de cette guérison ou même l'avoir favorisée...

Jamais le mot miracle n'est prononcé par les médecins. C'est une notion sans rapport avec leur compétence reconnue. Une instance ecclésiastique pourra éventuellement par la suite recommander à l'évêque du diocèse d'origine de la personne guérie de reconnaître (ou non) une intervention de Dieu à l'origine de cet événement. Les miracles sont proposés comme signes du message évangélique rappelé par la Vierge à Bernadette. Ils montrent une présence, une toute-puissance dont on ne peut limiter l'action au seul domaine de la maladie. Les reconnaître, c'est saisir un témoignage par lequel Dieu se manifeste. Ils sont des appels à un plus grand amour, dans une communauté de prière, de réconciliation, de foi, d'espérance et de charité.

Pour favoriser une réflexion en groupe

1. Comment définir le miracle ? Est-il nécessaire d'être croyant pour reconnaître le miracle ? Un non-croyant pourrait-il bénéficier d'une intervention de Dieu en sa faveur, par une guérison notamment ?

2. Pourquoi les médecins refusent-ils de reconnaître eux-mêmes le miracle ?

3. Vous connaissez des miracles de Jésus dans l'Evangile. Pouvez-vous en citer ? A travers ces événements extraordinaires rapportés par les évangélistes, qu'est-ce que ces derniers veulent montrer à leurs lecteurs ?

4. L'Evangile rapporte que Jésus, dans sa ville de Nazareth, ne put faire aucun miracle à cause de "leur manque de foi". Le refus de croire est-il un obstacle à toute forme de miracle ?

5. Pourquoi de nombreux malades effectuent-ils régulièrement le déplacement qui les conduit à Lourdes, dans le cadre d'un pèlerinage ? Est-ce uniquement dans l'espoir (souvent irréalisé) d'une guérison ?

6. De nombreuses personnes, bénévoles, payant leur voyage et leur séjour à Lourdes, accompagnent ces malades. Elles sont pendant quelques jours à leur entier service. pouvez-vous donner une explication à cet engagement ? Seriez-vous prêts à prendre vous aussi un tel engagement ?